Pourquoi cette page ?
Depuis que j’ai mis en avant sur mon site web mon titre d’« ingénieur logiciel libre », je reçois régulièrement des requêtes d’information concernant le métier d’ingénieur informaticien de la part de lycéens ou d’étudiants. Comme j’en ai eu marre de répondre toujours la même chose, je me suis dit que j’allais faire cette petite page afin de m’économiser des précieuses secondes à l’avenir.
Présentation du métier
Définition
D’abord, précisons le terme ingénieur, les définitions de dictionnaires restent vagues et cantonnent généralement l’ingénieur dans un milieu industriel. Ma définition serait plus générique : personne diplômée ayant une expertise technique ou scientifique sur un domaine précis et des compétences transversales (organisation, gestion de projet, encadrement) lui permettant d’accéder à des fonctions à forte responsabilité (dirigeant, chef de projet).
Cette définition a ses propres limites, elle ressemble trop à celle d’un expert et elle n’exprime pas correctement l’aspect « création d’un produit ».
L’ingénieur informaticien est donc la personne qui va s’occuper de créer (ou de faire créer) des produits informatiques (logiciels, systèmes d’information, infrastructure réseau, …).
Que fait un ingénieur informaticien ?
Il mène des projets en suivant une démarche méthodique. Concrètement lorsqu’il développe des logiciels, il va :
- spécifier le logiciel : il met sur papier les tâches que va devoir accomplir le logiciel
- le concevoir : il décide de l’architecture idéale du logiciel afin de remplir ses objectifs
- le coder : il transforme les idées en programme informatique
- le tester et le valider : il vérifie que le programme fait bien ce qu’il est censé faire
- le corriger en cas de problème
- rédiger la documentation : il faut bien expliquer le fonctionnement du logiciel à ses utilisateurs
Que gagne un ingénieur informaticien ?
D’abord je vous conseille de ne pas faire le choix de votre métier uniquement sur le critère salaire… mais puisque vous tenez tous à connaître les chiffres les voici : le salaire annuel d’un ingénieur
informaticien débutant promu de l’INSA de Lyon en 2002 varie entre 27 KEUR brut et 32 KEUR brut. Ceux qui travaillent sur Paris ont tendance à gagner entre 30 et 32 KEUR parce que le coût de la vie est plus élevé sur Paris… cet intervalle varie avec les années, il a déjà été plus élevé dans le passé lorsque le manque d’ingénieurs informaticiens se faisait sentir de manière plus importante. Je veux aussi préciser que le département informatique de l’INSA de Lyon est plutôt bien côté (dans les 5 premières écoles d’informatique selon les classements), il est donc probable que ces chiffres soient inférieurs pour des écoles moins connues ou pour des gens ayant suivi la filière universitaire.
Quelle formation permet de devenir ingénieur informaticien ?
La manière la plus courante est de faire une école d’ingénieur. Une école d’ingénieur se fait habituellement en trois ans après deux ans de classes préparatoires. Mais il est possible d’intégrer une école d’ingénieur après un IUT à condition d’être très bien classé. Une autre possibilité est de faire une école d’ingénieur à classe préparatoire intégrée telle que l’INSA (c’est la filière que j’ai choisi si vous avez bien suivi) : cette solution présente l’avantage de ne pas avoir à subir l’épreuve des concours après les deux ans de classe préparatoires.
Est-il vrai qu’il y a très peu de filles dans les filières informatiques ?
Malheureusement oui (20% de filles à peine dans mon cas). Les jeunes filles ont trop l’image de leur camarade de classe « informaticien boutonneux à lunette » (cf la fameuse chansonnette de Michel) alors que le métier d’ingénieur informaticien n’a absolument rien à voir avec de la programmation à longueur de journée… et qu’au contraire c’est un métier où il n’y a pas de ségrégation sexiste ce qui n’est pas le cas d’autres filières plus masculines (mécanique, électricité, …).
Questions type / questions personnelles
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’exercer cette profession ?
En ce qui me concerne ce métier m’a toujours paru être celui que je devais faire puisque je suis passionné d’informatique depuis très jeune… j’ai fait mon premier programme en Basic sur un Amstrad CPC6128 alors que j’avais entre 10 et 12 ans et depuis je n’ai pas arrêté. 😉
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce métier ?
Paradoxalement alors que pour la majorité des non-informaticiens l’ordinateur n’en fait qu’à sa tête, ce que j’apprécie c’est d’avoir cette impression de dominer l’outil et de le maîtriser pour en faire ce qu’on veut conformément à ce qu’on avait décidé. J’aime aussi beaucoup le fait qu’on puisse placer l’informatique au même plan que l’écriture ou la peinture puisque c’est une création intellectuelle qui ne nécessite pas vraiment de matière première (contrairement à la majorité des autres processus industriels).
Qu’est-ce que vous aimez le moins dans ce métier ?
Le côté bureaucratique de certaines démarches notamment lorsqu’il s’agit de rédiger des spécifications détaillées, des plans de tests, etc.
Quelles sont les qualités requises par ce métier ?
Je dirai qu’il faut être très rigoureux, très méthodique et très discipliné. Il faut également avoir une certaine agilité pour les exercices intellectuels afin de pouvoir facilement réfléchir et discuter de concepts informatiques qui n’ont pas d’existence « physique ». C’est une aptitude qui aide beaucoup à concevoir les logiciels.
Si en plus vous êtes à l’aise pour vous exprimer et expliquer ce que vous faites et pourquoi vous le faites à vos supérieurs, cela ne gâchera rien et cela vous aidera sûrement à faire de la documentation de qualité.
Enfin la curiosité est un bon défaut puisque cela sera un élément moteur qui vous permettra de rester au goût du jour en s’intéressant à tous les changements qui ne manqueront pas d’avoir lieu tout au long de votre carrière. Il est indispensable de s’auto-former en permanence.
Quel est votre rythme de travail ?
Je me lève le matin à 7h et je commence à travailler vers 7h45. Je prends une pause d’une heure pour le repas et je finis habituellement entre 17h et 18h le soir. Ponctuellement il m’arrivera de rester plus tard le soir mais je m’impose une certaine discipline pour ne pas en faire de trop.
Depuis combien de temps exercez vous ce métier ?
J’ai fini mes études en juin 2002 et j’ai commencé à travailler durant le mois d’octobre 2002. Faites le calcul. 🙂 Avant la fin des études il y a eu les différents stages en entreprise …
Dans quelle entreprise travaillez-vous ? Quel est votre poste ?
Depuis avril 2005, je suis gérant de Freexian et mon rôle ne se cantonne plus à celui de simple ingénieur. Je me positionne en consultant spécialiste des logiciels libres.
Auparavant j’ai travaillé dans une petite entreprise suisse (EIPM SA) qui fabrique des PCs pour l’industrie. J’étais en charge de développer un produit qui s’appelle le NetCube et qui est un PC embarqué dont le principal rôle est d’être un convertisseur Ethernet-RS232. Mais comme j’étais le seul informaticien de formation je faisais également tout le support des PC industriels lorsqu’il y a un problème logiciel.
Comment êtes-vous parvenu à ce poste ?
Pour mon premier emploi, j’ai répondu à une offre d’emploi, je suis allé à deux entretiens et ma candidature a été retenue.
Travaillez-vous en équipe ?
Oui et non. En tant que consultant je ne travaille pas dans une équipe au sens traditionnel du terme puisque qu’il n’y a pas d’équipe informatique menant des projets particuliers. Cela ne veut pas dire que je travaille seul dans mon coin pour autant. Je suis en contact permanent avec mes clients pour qu’ils puissent valider mon travail et qu’on définisse ensemble les priorités du moment.
Votre fonction a-t-elle évoluée au fil des années ?
Ma première réponse:
Je pourrai répondre à cette question dans quelques années. Mais il paraît que oui : on commence plutôt comme « développeur » pour finir plus tard comme « chef de projet » ou « expert ».
Ma fonction actuelle de consultant tendrait à confirmer ma première réponse mais mon cas est peut-être un peu particulier et n’est pas forcément généralisable.
Quelle est votre formation ?
Ca c’est la question qui revient à chaque fois qui prouve qu’on ne veut pas se fatiguer … puisque la réponse est dans le CV et qu’il n’est donc pas nécessaire de la poser. Pourtant mon sens de la politesse me dit que si on demande du temps à quelqu’un que l’on sait très occupé (vous ne saviez pas qu’un ingénieur a beaucoup de travail ?!), on essaie de ne poser que les questions nécessaires, c’est à dire celles où l’on n’a pas trouvé la réponse par soi même (RTFM(Read The Fine Manual) dirait-on dans d’autres milieux).
Sans indiscrétion, quel est votre salaire ?
Lorsque je travaillais en Suisse j’étais un peu favorisé. Je gagnais environ 35% de plus que le salaire que j’aurai eu en tant qu’ingénieur débutant en France. Référez-vous à la question précédente sur les salaires pour vous faire une idée plus précise. 😉
Actuellement, en tant que gérant je n’ai plus vraiment de salaire (et pas non plus de chômage si les choses tournent mal!), et mes revenus dépendent grandement des projets que je mène.